Céréales Le blé et le maïs relâchent la pression
La tension retombe sur les marchés des céréales faisant suite aux annonces liées aux exportations ukrainiennes. Les cours du blé et du maïs ont clôturé en baisse le mercredi 19 avril 2023 sur Euronext, et le mouvement se poursuivait à l’ouverture des marchés jeudi 20 avril.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Les communications nombreuses pour un meilleur contrôle des importations ukrainiennes depuis l’est de l’Europe se montrent plus rassurantes que les annonces de la fin de la semaine dernière », indique Agritel dans sa note quotidienne. Le 19 avril 2023, la Commission européenne a notamment proposé de débloquer 100 millions d’euros en plus pour soutenir les pays les plus affectés par l’afflux de céréales ukrainiennes.
Aussi, jeudi 20 avril 2023 sur Euronext, la tonne de blé a clôturé à 254 euros (–6,75 euros par rapport à la clôture précédente) sur l’échéance de mai et à 253,50 euros sur celle de septembre (–5,25 euros). Celle du maïs terminait la séance à 245,25 euros (–5,50 euros) sur l’échéance de juin et à 245,50 euros (–5,50 euros) sur celle d’août.
Ce jeudi 20 avril 2023, vers 11 h, la tonne de blé reculait encore de 3,75 euros sur l’échéance de mai, à 250,25 euros, et de 3,50 euros sur celle de septembre, à 250 euros. La tonne de maïs perdait, quant à elle, 1,50 euro sur l’échéance de juin, à 243,75 euros, et 1,50 euro également sur celle d’août, à 244 euros.
Incertitudes sur le corridor
Les incertitudes sur le renouvellement le 18 mai du corridor céréalier en mer Noire génèrent aussi des tensions. « Le marché commence à se faire à l’idée que ces livraisons venues d’Ukraine pourraient devenir plus limitées, même s’il n’y a pas de panique pour l’instant. C’est le maïs qui serait le plus affecté », estime Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX. Selon les derniers chiffres des Nations unies, près de la moitié des volumes exportés grâce au corridor ont porté sur du maïs depuis la mise en place de l’accord, contre 29 % seulement pour le blé.
Appétit mondial pour le maïs
Le contrôle des bateaux chargés de grains dans le Bosphore, élément clé de l’accord scellé entre Kiev et Moscou sous l’égide de la Turquie et de l’ONU, a récemment ralenti, avec des jours entiers sans inspections russes, pointe Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage, qui évoque « une menace sourde ». Selon lui, 1,5 million de tonnes de céréales attendent de passer le détroit pour gagner leur destination.
Sur ce total, 600 000 tonnes de grains, du maïs ukrainien notamment, doivent partir en Chine. « On voit mal comment la Russie peut mettre des bâtons dans les roues à un allié », ajoute Damien Vercambre, pour qui « le chaud et le froid » soufflé par Moscou alimentent une forte volatilité. D’autre part, la Chine, deuxième économie mondiale, a enregistré au premier trimestre une nette accélération de sa croissance, signe que le « moteur » des marchés agricoles « redémarre bien », souligne le courtier.
Débarrassé des restrictions sanitaires liées au Covid-19, le produit intérieur brut du pays a progressé sur un an de 4,5 %, et il s’est remis à acheter du maïs ukrainien ou américain.
Vers un repli des cours du maïs d’ici à l’été ?
Sur le marché américain, le maïs a également enregistré un repli « à l’approche de zones techniques de résistance importante », estime Agritel. Le cabinet précise qu’en cette période de l’année, les opérateurs sont particulièrement attentifs à l’avancée des semis, d’autant qu’en maïs, « les surfaces annoncées affichent des niveaux importants cette année ».
Aux États-Unis, l’écart entre le prix du maïs et celui du blé se réduit, et atteint son plus bas niveau depuis juillet 2021. « La demande mondiale de maïs est beaucoup plus soutenue que celle pour le blé », dont les stocks sont abondants, relève Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.
Cependant, ces tensions sur le marché du maïs sont considérées comme des frictions de court terme, explique M. Zuzolo. Les opérateurs s’attendent à ce que les cours retombent nettement d’ici à l’été, avec « l’arrivée des récoltes de maïs sud-américain sur le marché », brésilien notamment. Reste encore à évaluer l’impact d’une sécheresse historique sur les récoltes dans l’hémisphère Sud : à cause du manque d’eau, la Bourse de Rosario (BCR), où s’échangent des céréales en Argentine, a estimé que le rendement du maïs tomberait au plus bas depuis 2008-2009.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :